Psychiatrie : 20 recommandations pour améliorer le parcours de soin

A l'occasion de sa séance plénière du 24 mars, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté à l’unanimité l'avis « Améliorer le parcours de soin en psychiatrie » dans lequel il est préconisé de mieux articuler les secteurs sanitaires, social et médico-social.

« En France (avant la crise sanitaire, ndlr), une personne sur cinq souffre de troubles psychiques. Plus d’un quart de la population consomme des anxiolytiques, des antidépresseurs, des somnifères. La maladie psychiatrique est la première cause d'invalidité et le deuxième motif d'arrêt de travail. Si 80% des patients sont traités en ambulatoire, plus de 420 000 personnes sont hospitalisées chaque année, dont 82 000 sans leur consentement. Aucune catégorie de la population n'échappe à ces maladies, dont la prévalence s'accroit chez les jeunes… » Ces données ont été énoncées par Alain Dru, membre du groupe CGT au CESE (Conseil économique, social et environnemental), ce mercredi 24 mars, lors de la présentation de l’avis « Améliorer le parcours de soin en psychiatrie », adopté à l’unanimité.

Le Conseil formule 20 recommandations autour de trois objectifs : améliorer la connaissance et la représentation de la santé mentale ; favoriser une entrée plus précoce dans le soin et renforcer la coordination médicale et médico-sociale afin d’assurer l’accompagnement des patients et de leur famille. Parmi les préconisations, une vise à conduire des campagnes d’informations et de sensibilisation sur la santé mentale pour mettre en avant la variété des troubles, leur cause, leur prévalence, les professionnels à consulter et les traitements possibles.

« Il est difficile de convaincre la population que les maladies psychiatriques sont des maladies comme les autres et que les personnes qui en souffrent sont surtout dangereuses pour elles-mêmes, observe Alain Dru, co-rapporteur de cet avis. Notre projet est donc de construire des campagnes d'informations à destination du grand public ou de publics cibles, à l'exemple de ce qui a été mis en place pour le sida, l'alcool ou le tabac ».

« Former des secouristes en santé mentale »

Au-delà de la déstigmatisation, le Conseil entend accroître le niveau de connaissance sur la santé mentale de la population. « Nous estimons nécessaire de renforcer les formations aux premiers secours en santé mentale, avance Anne Gautier, co-rapporteur et membre du groupe Agriculture. De la même manière que l'on apprend les gestes qui sauvent dans une situation d'urgence, il est possible d’apprendre à détecter, orienter quand un trouble mental s'installe. Il s'agit en réalité de former des secouristes en santé mentale ».

Des espaces de rencontres pour les aidants

Le CESE se penche aussi sur la question des aidants. En France, 4,5 millions de personnes sont concernées par la pathologie d'un proche. Pour eux aussi, la maladie a des répercussions considérables. Ils subissent de plein fouet les parcours trop complexes et sont trop souvent amenés à endosser un rôle qui ne devrait pas être le leur. « Nous tirons donc un signal d'alarme. Les proches aidants sont soumis à une tension extrême, au point que trop souvent leur propre santé est en danger, déplore encore Anne Gautier. Au-delà du simple soutien au moment de l'annonce de la pathologie, nous proposons de favoriser la création d'espaces de rencontres dédiés et des groupes support. De plus, nous jugeons indispensable de mieux les associer aux prises de décisions ».

Instauration d'un référent re parcours

Le CESE recommande également d'instaurer de "nouveaux partenariats, fondés sur les principes de « l’aller vers », associant la psychiatrie de secteur aux structures des champs sanitaires, sociaux et médico-sociaux pour favoriser le repérage et l’entrée dans un parcours de soin coordonné et

recruter dans chaque secteur un poste d’infirmier ou de psychologue en charge des partenariats » (préconisation n°8). Pour ce faire, les secteurs sanitaires social et médico-social doivent « construire une mission de référent de parcours, confiée à des professionnels du soin ou du travail social chargés de coordonner et d'articuler les différentes prises en charge ».

Mieux évaluer les troubles chez la personne âgée

Enfin, le Conseil souhaite renforcer la place de la psychiatrie dans l’accompagnement de la personne âgée. « Le vieillissement de la population s'accompagne en effet d'une augmentation de la prévalence des pathologies liées à l'âge, parmi lesquelles celles qui relèvent de la santé mentale occupent une place importante », explique Anne Gautier. Si la maladie d'Alzheimer est régulièrement citée, d'autres troubles frappent plus spécialement le sujet âgé, comme la dépression trop souvent sous diagnostiquée et non traitée. « Nous insistons sur la nécessité d'une évaluation mais aussi d'une prise en charge globale et multidisciplinaires », stiplue Anne Gautier.

Auteur

MAXIME RICARD