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A Mayotte, l’Apajh crée une plateforme d'entraide pour les personnes sans solutions
La Fédération Apajh inaugure, samedi 11 février, à Mayotte, une Plateforme d’entraide pour l’autonomie. Adapté au territoire, ce dispositif inédit est censé garantir une réponse à toute personne en situation de handicap, âgée ou aidante. Explications avec le président Jean-Louis Garcia.
Crédit photo Apajh
ASH -Vous venez de signer une convention avec l’ARS de Mayotte pour la création d’une plateforme. De quoi s’agit-il ?
La plateforme d’entraide pour l’autonomie est la première de France à s’adresser à la fois aux personnes en situation de handicap, aux personnes âgées et à leurs aidants. Fondée sur l’aller vers, elle accompagnera dans leurs projets tous ceux qui sont sans solution ou qui bénéficient de réponses inadaptées ou encore qui risquent d’être en rupture de parcours. Elle jouera également un rôle d’observatoire pour mieux cerner les besoins du territoire. On va travailler avec les CCAS, qui connaissent le mieux leur population, pour identifier les points les plus complexes. Pour bâtir ses réponses, l’Apajh s’inscrit dans l’esprit des communautés 360 et dans la lignée du rapport Piveteau « Zéro sans solution » (2014).
Jean-Louis Garcia : En quoi le dispositif est-il propre aux problématiques du territoire ?
A Mayotte, il n’y a rien ou pas grand chose. Il faut donc aller vite et être agile dans les réponses, faire en sorte que l’investissement ne soit pas trop lourd, sans quoi on plombe le projet. Et il faut prendre en compte la culture, basée sur une solidarité familiale forte. Beaucoup de mères, ici, estiment que le handicap est une fatalité. Nous sommes une organisation laïque. Et nous avons tout un travail à faire pour montrer qu’on peut agir sur les conséquences du handicap. L’Apajh, qui gère ici 12 établissements et accompagne 300 personnes, a l’habitude de discuter avec l’ARS pour répondre aux besoins spécifiques du territoire, sans forcément faire appel aux dispositifs inscrits dans le Code de l’action sociale et des familles, qui ne sont pas toujours les plus adaptés.
Vous aviez lancé sur le même modèle la plateforme Pprap en 2020…
Sans avoir vraiment de chiffres, on avait réalisé qu’il y avait beaucoup de personnes handicapées au chômage sur ce territoire. Il fallait inventer un dispositif qui permette de rapprocher ces personnes de la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH), pour favoriser la reconnaissance de leur qualité de travailleur handicapé (RQTH), évaluer leurs compétences et, en fonction, proposer des parcours de formation. La Plateforme de parcours renforcés d'accès à la professionnalisation (PPRAP) avait vu le jour en novembre 2020. Elle accompagne dans l’emploi les personnes et les entreprises pendant 18 mois, renouvelable une fois. En deux ans, elle a accueilli 119 personnes, dont 80 ont aujourd’hui un contrat de travail (CDI, CDD, apprentissage) et une vingtaine sont en emploi formation. Les résultats sont bons. Ils ont été salués en juillet 2022 par la Direction générale de la cohésion sociale (DGCCS) qui envisage de l’implanter dans d’autres départements d’Outre-mer et en métropole.
Concrètement, comment fonctionnera la plateforme pour l’autonomie ?
La plateforme, financée à 100% par l’ARS, est installée à Mamoudzou. Elle fonctionne autour d’une petite équipe de conseillers en économie sociale et familiale (CESF) et d’un éducateur spécialisé. Et elle s’appuie sur ses partenaires. Un accord a été passé avec la MDPH pour avoir un référent « Réponse accompagnée pour tous ». Des antennes de la plateforme seront installées dans les CCAS pour intégrer le fait qu’il est compliqué de se déplacer à Mayotte. On sollicitera l’Association des aidants familiaux pour voir comment on peut soulager les familles, en installant du répit. Et on s’appuiera aussi sur la plateforme Prapp pour les personnes qui souhaitent s’orienter vers le travail.
Auteur
- PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID PROCHASSON