Vous êtes ici
Maintien à domicile : « Des promesses mais rien ne bouge », selon Brice Alzon
services à domicile.
Crédit photo FESP
A la tête de la Fédération du service aux particuliers (FESP) depuis bientôt deux ans, Brice Alzon déplore l'inertie du secteur en matière de services à domicile.
ASH : Que retenez-vous de ces deux années à la tête de la FESP ?
Brice Alzon : S'il ne fallait parler que des services à domicile, je constate une certaine inertie là où il y a une urgence. Nous manquons de force politique. Aujourd’hui, pour ouvrir une entreprise en maintien à domicile en autorisation, il faut passer par un appel à projets des départements. Sauf qu’en 2023, il n’y en a eu aucun. Résultat : dans certains territoires, les caisses centrales d’activité sociale (CCAS) ferment, et les entreprises ne peuvent pas s’implanter. A la FESP, nous sommes très vigilants sur le fait de retrouver une équité territoriale. Mais tant que nous ne disposons pas d'un programme sérieux de financement, que les leviers d’actions, les responsabilités et la gouvernance ne sont pas définis, le secteur ne pourra pas avancer. Il y a une suite continuelle de promesses, nous sommes reçus chaque semaine par les cabinets ministériels.... Nos interlocuteurs disent comprendre l’urgence mais rien ne bouge. C’est aujourd’hui qu’il faut rendre nos métiers attractifs et former les personnels au virage domiciliaire.
Que pensez-vous du récent rapport de la Cour des comptes sur les services à domicile ?
Ce rapport est très sectoriel. De plus, la Cour des comptes ne prend en considération que les coûts, et non les bénéfices des services à la personne. Elle ne s’est pas non plus intéressée à l’étude Oliver Wyman que nous avons réalisée en 2023, qui s’attachait à examiner ce qu’il se passerait si on bougeait vraiment les variables. La Cour des comptes a une logique purement financière et certaines recommandations sont absurdes. Par exemple, l'uniformisation des taux de TVA. Or 50 % du secteur est associatif et non soumis à la TVA.
Elle souligne également une augmentation élevée des coûts des services à la personne, en se basant sur l’année 2023. C’est un scandale, car cette année-là, le crédit d’impôt 2022 a été versé ainsi que l’avance du crédit d’impôt 2023. Donc s’il y a une année qu’il ne faut pas compter, c’est celle-là.
En revanche, la FESP est favorable à une des préconisations : la mise en place d'un Observatoire des services à domicile. A condition qu'il soit piloté avec de bons indicateurs, c’est-à-dire objectifs, rationnels, récurrents et mesurables.
Vous souhaitez lancer une convention citoyenne, pourquoi ?
Il y a effectivement des discussions à ce sujet. Des parlementaires seraient d’accord pour nous suivre comme Charlotte Parmentier-Lecocq, présidente de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale, Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des personnes âgées et handicapées, aussi. L'idée est de poser les choses à plat, de faire émerger des idées, des priorités liées au financement.