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La professionnalisation à domicile : utilité et reconnaissance encore
Crédit photo Pavo
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Le petit dernier des hors-séries des ASH vient de paraître.
À quand la prise de conscience ?
Ouvrir des volets, passer le balai, faire des courses, préparer un repas, accompagner une personne aux toilettes, l’aider à se lever ou se laver. Autant de missions quotidiennes réalisées par les auxiliaires de vie, sept jours sur sept et 365 jours par an. A l’heure où l’immense majorité des Français souhaite rester chez eux et où les postes manquent cruellement, il pourrait être « tentant » pour ne pas dire « normal » de recruter tous les candidats volontaires en renonçant à exiger expérience, formation et diplôme. Pour la bonne cause ? Ne pas laisser les personnes fragiles sans solution. Après tout, toutes les femmes ne savent-elles pas prendre soin des autres de «façon innée » ? Au-delà des idées reçues, grave erreur. Car la réalité est bien différente. Sur le terrain, les professionnelles du domicile enchainent les interventions auprès de personnes souffrant de maladies neurodégénératives, d’enfants atteints de troubles du spectre autistique, d’adultes en fauteuil avec des maladies chroniques invalidantes : Sclérose en plaque, Charcot, Parkinson etc... Elles sont confrontées à des troubles du comportement, à des refus de soin, de la souffrance ou encore à des imprévus qui ne figurent pas sur leur agenda millimétré comme une chute nocturne ou un décès.
Responsabilité, compétences et formation
Il leur faut agir, s’adapter, trouver une solution pour que l’accompagnement se fasse dans la bienveillance et la bientraitance même si la montre continue de tourner. Inlassablement. Pour réussir, elles devront écouter ce que dit la personne aidée, décrypter et comprendre sa demande. Autant dire qu’il n’y a rien d’inné à gérer ce genre de situations au quotidien. Au contraire, c’est un travail et la formation devra être solide, tout autant que les connaissances sur les pathologies et sur les attitudes à adopter. L’eldorado pour femmes en reconversion et sans diplôme n’existe pas dans les services à domicile. Alors qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans ce secteur pourtant engagé dans la professionnalisation depuis déjà près de deux décennies ? Pourquoi cette image de femme de ménage colle-t-elle à la peau de ces professionnelles engagées dans le Care ? Il est temps de prendre conscience que : « Faire ce qu’elles peuvent » comporte des risques de perte de sens pour elles et de maltraitances pour les publics les plus fragilisés.
Suivre la voie de la qualification
Les études le montrent, ce métier est souvent choisi pour son utilité, aimé par les femmes qui l’exercent et qui se sentent attendues, indispensables à la qualité de vie de personnes vulnérables. Le problème vient des conditions contraintes d’exercice, de la pénibilité jugée ordinaire, de l’absence de considération... Pour inverser la tendance, seule la professionnalisation transformera le secteur. Formation initiale, continue, VAE, réunion d’échanges des pratiques professionnelles ; c’est sur la voie de la qualification que doit se tracer l’avenir des métiers du domicile. L’expérimentation autour du Baluchonnage le démontre. Pour que la mission de suppléance de l’aidant se passe dans de bonnes conditions, le professionnel doit être préparé, formé, accompagné et doit pouvoir à tout moment être remplacé. Une exigence qui pourrait en inspirer d’autres. Refuser l’entrée en institution, rester chez soi, coûte que coûte, malgré le vieillissement, la maladie, le handicap, n’est possible que lorsque les bonnes conditions sont réunies. Or le virage domiciliaire tant promis ne se fera pas sans les auxiliaires de vie, sans la reconnaissance de leurs compétences. Reste à les faire passer du camp des invisibles à celui de vigie, de veille, sur lesquels les usagers et les acteurs sociaux, médico-sociaux et sanitaires pourront s’appuyer. Un choix de société.