Conférence nationale du handicap : quelques mesures concrètes et beaucoup de déception

Crédit photo Yoan VALAT / POOL / AFP - Au lendemain de la Conférence nationale du handicap (CNH), organisée à l’Elysée et boycottée par le Collectif handicaps et un grand nombre de ses membres, les associations regrettent un certain manque d’ambition notamment en termes de compensation et d’accessibilité.

« Décevante », simple « déclaration d’intention »« catalogue de mesures catégorielles »« séquence politique de plus »« pas de vrai changement de paradigme »… Les critiques sont acerbes au lendemain de la 6e Conférence nationale du handicap (CNH) qui se déroulait le 26 avril, à l’Elysée, sous l’égide du président de la République. Si le manque de concertation en amont avait entraîné le boycott de ce rendez-vous triennal par de nombreuses organisations représentatives – dont le Collectif handicaps regroupant 52 associations et un grand nombre de ses membres dont l’Unapéi, l’AFM Téléthon ou Paralysie cérébrale France – les mesures et la feuille de route annoncées ne semblent pas non plus avoir été à la hauteur des attentes partagées par les principaux intéressés.

Pas de précision sur les délais et le budget

Quand Arnaud de Broca, président du Collectif handicaps, fustige le « peu d’annonces concrètes sur les délais et sur le budget », Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Unafam (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques), dénonce en particulier l’invisibilisation totale du handicap psychique, ainsi que des mesures qui ne sont, en général, « pas à la hauteur de la violation des droits dénoncée par le Conseil de l’Europe » et rendue publique le 17 avril dernier.

Plus nuancée, l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux) salue un certain nombre d’avancées – en matière d’accessibilité, de prévention, d’accompagnement et d’accès aux droits – mais « regrette que l’accent n’ait pas été mis davantage sur le rôle et le soutien à apporter aux professionnels sociaux et médico-sociaux engagés aux côtés de ces personnes. »

Trois heures durant, la conférence a ainsi réuni de nombreux ministres, certaines associations du secteur et quelques personnes en situation de handicap autour de deux tables rondes consacrées à l’effectivité des droits (de l’école à l’emploi) et à l’accessibilité, d’une séquence de questions-réponses et d’un discours prononcé par Emmanuel Macron. Ce n’est que lors de cet ultime temps fort que les 70 mesures promises ont été égrenées par le chef de l’Etat. Non sans avoir au préalable dressé un bilan de ses actions depuis le début de son premier quinquennat. L’occasion de se féliciter, entre autres, de la hausse de 34 % du nombre d’élèves scolarisés ou de la baisse de 6 points du taux de chômage des personnes en situation de handicap (19 % en 2022).

50 000 nouvelles solutions médico-sociales

Parmi les annonces les plus saillantes portant sur l’enfance et l’éducation, l’emploi, l’accessibilité, l’accompagnement ou encore la pratique sportive, le Président a notamment expliqué vouloir améliorer le repérage précoce de l’autisme chez les tout-petits et étendre l’intervention des AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) aux activités périscolaires, ce qui leur permettrait de bénéficier d’un temps plein.

Entre les satisfécits, les incantations et les projets de long terme restés plutôt flous, une mesure est apparue comme chiffrée et précise : le déploiement de 50 000 nouvelles solutions médico-sociales, destinées aux enfants et aux adultes en situation de handicap, d’ici à 2030. Un plan de développement pluriannuel censé apporter « une réponse massive aux territoires les plus en tension (Ile-de-France, outre-mer) tout en renforçant l’offre pour des publics sans solution satisfaisante à ce jour ».

En dépit de « bonnes intentions » et d’un diagnostic « plus réaliste », APF France handicap reproche au chef de l’Etat de ne pas s’engager dans « une véritable refondation de la politique française du handicap ». Notamment sur les questions de compensation – aucune mesure relative à la revalorisation des tarifs et des montants, aucun engagement sur la PCH activités ménagères – et d’accessibilité avec une véritable politique de sanctions.

Auteur

  • LAURENCE UBRICH