Comment l’accompagnement des personnes handicapées monte en charge depuis 2006

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En 2022, les hommes étaient surreprésentés parmi les populations handicapées accompagnées, qu'il s'agisse d'enfants, d'adolescents ou d'adultes.

Crédit photo Hans Lucas via AFP

On comptait un peu plus de 490 000 personnes handicapées – adultes, adolescents et enfants confondus – accueillies par des structures ou suivies par des services dédiés en 2022, indique une récente étude de la Drees. La hausse continue du nombre de bénéficiaires depuis 2006 s’accompagne d’une augmentation de leur accès à la scolarité ou à l’emploi.

La prise en charge des personnes en situation de handicap – qu’ils soient enfants, adolescents ou adultes – par des structures ou des services a connu une nette montée en puissance ces deux dernières décennies. C’est ce que tendent à montrer deux études sur l’accueil et l’accompagnement des personnes handicapées – la première portant sur les plus jeunes, enfants et adolescents ; la seconde sur les adultes – que la Drees vient de rendre publiques le 11 mars 2025. 

Premiers constats, la population en situation de handicap accompagnée par des services ou accueillie dans des établissements spécialisés croît en nombre. En 2022, on comptait ainsi 173 900 enfants et adolescents et 321 530 adultes accueillis dans ce cadre. Soit 35 120 mineurs et 98 700 majeurs de plus qu’en 2006.

Du côté des enfants et adolescents (parmi lesquels 15 % font l’objet d’une mesure d’aide sociale à l’enfant), l’accompagnement a surtout lieu dans les établissements dédiés, qui représentent les deux tiers de l’offre de prise en charge. Et ce malgré une nette croissance du poids des services spécialisés, dont la proportion est passée de 24 à 32 % entre 2006 et 2022.

Le différentiel est moindre chez les adultes, puisque 56 % bénéficiaient d’un suivi en établissement et 43 % dans les services avec, là encore, une nette montée en puissance de ces derniers. Ils accueillaient ainsi 87 % des nouveaux entrants recensés depuis 2018.

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Une scolarisation en hausse

Parmi les enfants et adolescents suivis porteurs d'un handicap, 36 % faisaient l’objet d’un accompagnement sur le lieu de vie ou en milieu ordinaire, soit une hausse de 3 points par rapport à 2018. Ce que la Drees explique notamment par l’absorption de places autrefois attribuées à des services d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) par des établissements spécialisés dans le cadre des dispositifs intégrés. Quelque 52 % des mineurs accueillis dans le secteur étaient d’ailleurs externes, l’internat ne concernant que 17 % de l’effectif.

Dans le même temps, le niveau de scolarisation de ces jeunes n’a pas cessé de grimper. Fin 2022, 92 % des 6-15 ans étaient inscrits dans un cursus scolaire. Selon le service de statistique, parmi les 57 % des jeunes qui fréquentent une école ou un établissement scolaire :

  • 46 % le font au sein d’une classe avec ou sans l’appui d’une unité localisée pour l’inclusion scolaire (Ulis) ;
  • 11 % le font dans une unité d’enseignement externalisée dans un établissement scolaire ;
  •  28 % sont scolarisés uniquement dans l’unité d’enseignement interne à l’établissement médico-social ;
  • 7 % bénéficient d’une scolarité partagée entre l’établissement médico-social et l’établissement scolaire.  

En fin d’accompagnement, ces jeunes avaient d’ailleurs passé 5 ans en institution en moyenne, à l’exception de ceux reconnus polyhandicapés, pour lesquels la période de prise en charge s’élevait plutôt à 8,5 années. Concernant le profil des personnes suivies, 39 % des mineurs accueillis présentaient une déficience intellectuelle et 34 % un trouble du psychisme, du comportement ou de la communication.

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Les hommes surreprésentés 

Les deux tiers des enfants et adolescents accueillis dans ces structures sont des garçons. Un constat moins marqué dans le champ du polyhandicap, où ils ne représentent « que » 54 % de l’effectif, compensé par une surreprésentation dans les instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques, où 9 jeunes sur 10 sont de sexe masculin.

Cette prééminence masculine se retrouve aussi chez les adultes, puisqu’ils représentaient 60 % de l’effectif dans les structures dédiées au handicap.

Dans les deux cas, cette proportion est restée stable depuis 2006.

Les sexagénaires davantage suivis

Ce qui l’est moins, en revanche, c’est la proportion grandissante des personnes handicapées de plus de 60 ans accompagnées. Elles étaient 3 % en 2006, contre 12 % en 2022. Une situation qui s’explique notamment par la suppression de la limite d’âge d’accueil dans la loi du 2 janvier 2002.

Ceux qui étaient accueillis en Esat (établissement et service d'accompagnement par le travail) y restaient en moyenne 13 ans. En 2022, l’âge moyen d’entrée dans ces structures se situait un peu en dessous des 30 ans et le départ vers 42,5 ans. Concernant les maisons d’accueil spécialisées non médicalisées, la moyenne de la durée du séjour s'établissait aux alentours d’une dizaine d’années. Dans le secteur médicalisé, cette durée descendait à quatre ans.

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A noter que parmi l’ensemble des adultes en situation de handicap accompagnés (hors Esat) :

  • 46 % avaient besoin d’une aide pour la toilette ;
  • 37 % des adultes handicapés ne savaient pas lire et 23 % lisaient avec difficulté ;
  • 38 % étaient susceptibles de se mettre « souvent ou parfois » en danger ;
  • Un quart étaient considérés comme ayant un comportement parfois (21 %) ou souvent (4 %) anormalement agressif.

La déficience intellectuelle était le trouble le plus fréquemment observé en 2022 chez les adultes pris en charge (51,7 %), jugée « moyenne » pour 21,7 % , et « légère » pour 21 %. Elle se classe loin devant les troubles du psychisme, du comportement ou de la communication (27,8 %), la déficience motrice (7,6 %), les « autres déficiences » (4,2 %), le polyhandicap (3,6 %) ou les déficiences visuelles et auditives (3 %).