"C’est désormais aux institutions de s’adapter aux besoins spécifiques des personnes" (Jeanne Cornaille)

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Ces assises se déroulent sous forme de formation pour revenir sur le changement de paradigme qu'a représenté le rapport Piveteau, il y a dix ans, à savoir passer d’une logique de place à celle de réponses coordonnées, de la petite enfance au grand âge.

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Les Assises nationales du handicap, organisées les 14 et 15 novembre par le Groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux (GEPSo), souhaitent dresser le bilan du rapport Piveteau ou comment transformer le secteur du handicap pour remettre l’usager au cœur du système. Jeanne Cornaille, déléguée générale, nous livre la philosophie de ces rencontres.

A la veille des Assises nationales du handicap, organisées à Bron, près de Lyon, par le GEPSo, sa déléguée générale Jeanne Corneille en explique les enjeux.

Quel est le fil conducteur de ces deux journées d’assises du GEPSo ?

Jeanne Cornaille : Les dix ans du rapport Piveteau sont l’occasion de se demander ce qui a changé pour les personnes en situation de handicap. En quoi les pratiques professionnelles et la façon de concevoir l’accompagnement se sont modifiées. Ces deux jours sont en grande partie consacrées à des retours d’expérience et des témoignages, y compris des personnes directement concernées, pour illustrer ce nouveau paradigme impulsé par le rapport Piveteau, à savoir partir des besoins de la personne pour construire ensuite la réponse. Nous souhaitons à la fois en dresser le bilan et identifier ce qui n’a pas encore été fait pour parvenir, enfin, au fameux « zéro sans solution ».

Quelles sont les principales évolutions que vous comptez mettre en avant ?

Même si c’est loin d’être le cas partout, la philosophie de l’accompagnement a changé. Le fonctionnement s’envisage davantage en dispositifs, avec une notion de parcours coordonnés et des réponses territorialisées. C’est désormais aux institutions de s’adapter aux besoins spécifiques des personnes. Elles ne sont plus seulement objets de soins, sinon actrices de leurs projets de vie, de travail ou de logement. Une approche complexe à mettre en œuvre, parce qu’elle nécessite des parcours beaucoup plus individualisés. Et derrière cette belle intention, nous nous confrontons à une réelle problématique de déficit d’offres. Lorsqu’il s’agit d’enfants ou d’adultes avec des handicaps difficiles, avec des besoins importants en termes de soins et d’accès à la santé, on reste encore soit sur un modèle classique en institution, soit tout simplement sans place.

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C’est le cas typique d’un enfant qui aurait besoin d’être pris en charge dans un IME et qui va devoir rester chez ses parents. On ne peut pas faire du tout inclusif. Certaines situations permettent de favoriser le lien avec le milieu ordinaire, mais ce n’est pas possible pour tout le monde. Il ne faut pas opposer les murs de l’institution au droit commun : on a besoin de toutes les solutions.

Quels types d’intervenants avez-vous voulu mêler ?

Aussi bien des éducateurs que des coordinateurs de parcours, des personnes en situation de handicap, des directeurs de structures ou des responsables RH. Nous souhaitions allier métiers de l’accompagnement et de l’encadrement, chefs de projet, directions d’établissements et personnes accompagnées. Dans nos séances plénières, tables rondes et ateliers sont invités des représentants de l’ARS, de la MDPH ou encore l’archéo-anthropologue Valérie Delattre, qui a étudié la question du handicap dans l’Histoire.

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