Bouches-du-Rhône : une médiation sociale au service des seniors

 

Crédit photo association Dunes

Lancée en mars par l’association Dunes en collaboration avec de nombreux acteurs de terrain, cette expérimentation innovante a pour objectif de repérer et d’identifier les seniors isolés, mais aussi de soutenir les proches aidants.

De nombreuses actions de médiation sociale existent pour les jeunes des quartiers prioritaires de la ville. Mais les seniors et leurs aidants passent régulièrement sous les radars des associations. Voilà le constat dressé en 2018 par le bailleur social 1001 Vies habitat – logis Méditerranée lorsqu’il a acquis à Marseille une résidence occupée en majorité par des personnes âgées de plus de 60 ans. Pour lutter contre cet isolement social, l’association Dunes (Développement urbain de nouveaux espaces sociaux), en partenariat avec de nombreux acteurs de terrain (dont la CNSA, France Médiation et le Gérontopôle Sud), expérimente depuis mars dernier un dispositif inédit de médiation sociale au service de ces seniors. « En général, la médiation sociale opère par “territoires” et non par “publics”. C’est un peu le généraliste du travail de rue, explique Nourredine Bougrine, directeur de l’association. Ici, nous proposons une approche différente. Nous mettons en place une action spécifique, propre aux personnes âgées. »

Portée par une équipe de six professionnels couvrant plus de 400 logements à Marseille, Vitrolles, Aubagne et Aix-en-Provence, cette médiation sociale répond à quatre grands objectifs : lutter contre le délaissement des personnes âgées en allant vers celles qui sont les plus éloignées des dispositifs de droit commun ; contribuer à garantir leur santé physique et psychologique par des actions collectives ; soutenir les actions d’accompagnement des proches aidants et des personnes âgées en perte d’autonomie ; favoriser l’information et l’accès aux droits de ces personnes. « Sur le terrain, cela se traduit par de nombreuses visites à domicile, détaille Nourredine Bougrine. Le but est de créer un lien social. Petit à petit, nous arrivons à entrer dans leur quotidien. Ils nous attendent, souhaitent nous revoir. Mais cela demande du temps car il est plus difficile d’obtenir la confiance d’une personne âgée. Or, sans cette confiance, la médiation ne peut fonctionner. »

Formations spécifiques

Au cours des trois premiers mois d’expérimentation, les équipes de médiateurs ont travaillé du lundi au dimanche, de 8 h à 19 h, afin de rencontrer un maximum de personnes, d’établir le diagnostic le plus précis possible et de mettre en place les actions les plus proches des besoins des personnes âgées. Cela semble porter ses fruits. « Actuellement, après cinq mois d’existence, nous avons déjà de très beaux résultats, preuve de la légitimité et de la pertinence de notre action, se réjouit Youssef Ben Moussa, chef de projet du dispositif. Plus de 940 personnes ont été rencontrées depuis le début, dont 88 désormais suivies régulièrement. Nous accompagnons aussi 27 aidants. »

Le caractère original de cette médiation sociale a conduit à adapter la démarche et à former les professionnels aux spécificités du public âgé. « Nous avons eu besoin de nous approprier ses particularités, confirme Nourredine Bougrine. C’est pourquoi, régulièrement, nous mettons en place des formations avec le Gérontopôle Sud sur des thématiques précises. Par exemple, dernièrement, les médiateurs ont été sensibilisés à la question de la mobilité des personnes âgées afin de les amener à réutiliser les transports en commun. » Cette démarche innovante pour lutter contre l’isolement et la perte d’autonomie a pour vocation d’être modélisée et étendue aux villes de Lille et de Lyon d’ici à 2023.

Auteur : MAXIME RICARD