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Anne Géneau, nouvelle présidente des Petits Frères des pauvres : « Nous devons repenser notre accueil et notre accompagnement »
Crédit photo Constance Decorde
Elue le 24 juin à la présidence des Petits Frères des pauvres pour deux ans, Anne Géneau détaille aux ASH la ligne directrice qu’elle souhaite tenir durant son mandat. Sa priorité : « S’adapter aux nouveaux profils des personnes que nous accompagnons, aux nouvelles précarités, et à l’évolution des modes d’engagement des bénévoles. »
ASH : Faut-il s’attendre à une révolution au sein des Petits Frères des pauvres ?
Anne Géneau : Non. Nos missions sociales restent les mêmes, à savoir témoigner, alerter, prévenir, sensibiliser et mobiliser les citoyens pour lutter contre l’isolement des seniors. Mais il est nécessaire de changer de braquet car, dans les années à venir, il y aura de plus en plus de personnes âgées et de personnes isolées. Nous sommes donc à un tournant. D’autant que le profil des personnes que nous accompagnons évolue. Elles sont confrontées à de nouvelles formes de précarités : la prise en charge de l'autonomie est de plus en plus difficile et coûteuse, que ce soit à domicile ou en hébergement collectif ; les déserts médicaux se multiplient ; l’accès au logement se complexifie ; la transition écologique et la sobriété énergétique vont avoir des impacts non négligeables ; les problématiques de santé mentale augmentent…
Comment répondre à ces nouvelles précarités ?
Nous pouvons nous appuyer sur un certain nombre de dispositifs existants. Il y a par exemple les Baraques à Frat’. Ce sont des lieux de convivialité mobiles, qui se déplacent de village en village à la rencontre des aînés. Les bénévoles se posent dans un endroit défini au préalable (une salle municipale, par exemple), toujours le même jour, et organisent des moments d’échanges.
Cet été, nous allons aussi lancer les Oasis solidaires. Il s'agit d'un kit téléchargeable et imprimable sur le site de l’association afin que citoyens, communes et entreprises puissent signaler les emplacements frais accessibles aux personnes âgées. Mais il reste des choses à inventer. Nous devons par exemple réfléchir à des ateliers numériques afin de trouver le meilleur moyen d'entrer en contact avec des personnes isolées.
Les débats sur la proposition de loi « Bien vieillir » vont reprendre courant juillet. Quelles sont vos attentes ?
Nous réclamons depuis des années une loi « grand âge ». Dans la prise en charge du maintien et du soin à domicile, le bien vieillir ne sera pas suffisant. Que souhaite concrètement le gouvernement ? Compte-t-il agir sur le bien vieillir des seniors actifs ou seulement celui des personnes âgées dépendantes ? Nous ne le savons pas. Pourtant la différence est énorme. En l'état, la proposition de loi est donc insuffisante.
L'urgence est de s'adapter aux nouvelles réalités de la société. Tant dans le profil des personnes que l'on accompagne que dans la modification des engagements bénévoles. Aujourd’hui, le bénévolat est beaucoup plus ponctuel et court. Il convient donc de repenser notre accueil et notre accompagnement pour une meilleure prise en charge de notre public.