Comment l’APA révèle les inégalités de revenus et de genre entre retraités

Autonomie

Parmi les 20% de retraités les plus riches, l’âge du début de versement de l’APA se situe à 86 ans, contre 80,1 ans pour les 20% les moins aisés.

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Les allocataires de l’allocation personnalisée d'autonomie sont souvent les retraités les moins aisés, révèle une étude de la DREES parue ce 19 février. Les femmes y sont en outre sur-représentées.

Plus un retraité est aisé, plus il vit vieux et… moins il bénéficie de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) au domicile. C’est ce qui ressort d’une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) et de l’Institut des politiques publiques (IPP) publiée ce 19 février.

Pour parvenir à cette conclusion, les experts à l’origine de l’enquête, ont, pour la première fois, croisé les fichiers provenant de l’échantillon interrégimes des retraités (EIR) fourni par les caisses de retraites, avec ceux des prestations sociales – dont l’APA - versées par les conseils départementaux, à partir des chiffres de l’année 2017.

Hommes et cadres y entrent plus tardivement 

En premier lieu, un constat : au vu de la longévité des personnes âgées, un assuré faisant valoir ses droits à la retraite peut espérer toucher sa pension en moyenne 25,1 ans, dont 2,4 durant lesquels il sera, en outre, bénéficiaire de l’APA. Cette période est légèrement plus élevée (3,3 ans) pour les femmes, compte tenu de leur espérance de vie plus longue, alors que les hommes n’en sont allocataires qu’1,4 années en moyenne. Seule exception : les personnes âgées ayant été poussé à la retraite pour inaptitude – le plus souvent des hommes – qui entrent dans le régime de l’APA cinq ans plus tôt (80,3 ans contre 86) et y demeurent une plus grande partie de leur retraite que les autres.

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C’est cependant loin d’être la seule inégalité mise en lumière par l’étude, puisqu’il apparait que les 20% des retraités les plus riches – ceux dont le montant de la pension est le plus élevé – sont également ceux qui bénéficient moins de l’APA (6%) comparativement aux 20% les moins fortunés qui sont 14% à percevoir cette allocation. La cause en est double : primo, parce qu’ils ont davantage les moyens de vieillir en bonne santé ; secundo parce que la part des plus fortunés comprend une majorité d’hommes, bénéficiant de pensions plus avantageuses en moyenne que celles des femmes ayant eu des carrières moins longues ou plus hachées. Ainsi, parmi les 20% les plus riches, l’âge du début de versement de l’APA se situe à 86 ans, contre 80,1 ans pour les 20% les moins aisés.

Une courbe qui recoupe celle des catégories professionnelles qui voit les anciens cadres bénéficier de l’APA aux alentours de 86,4 ans et demeurer dans le régime 1,1 ans alors que ceux ayant exercé des fonctions ouvrières ouvrent leurs droits à 82,9 ans et y restent 1,6 ans.

Quid des plus aisés ?

Autre observation : si les 20% de retraités les plus aisés sont ceux qui bénéficient le moins de l’APA à domicile, ils constituent en revanche la catégorie qui la perçoit le plus une fois placés en établissements spécialisés. Ce qui s’explique d’une part par leur longévité (les moins fortunés mourant davantage avant qu’un placement en Ehpad ou résidence autonomie ne soit nécessaire), mais aussi par une meilleure connaissance des aides publiques et par une capacité supérieure à pouvoir assurer financièrement eux-mêmes le reste à charge sur les frais d’hébergement.

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