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Pourquoi APF prévoit de supprimer 300 postes
L'association, ici lors d'une mobilisation à Perpignan contre l'immobilisme des pouvoirs publics, traverse une crise inédite.
Crédit photo Arnaud Le Vu / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Coup de tonnerre dans l’une des principales associations du handicap. Alors que la direction annonce un plan de réduction des effectifs drastique, les salariés étaient mobilisés mardi 8 octobre à Paris et à travers toute la France. Ils dénoncent des « décennies d’errance » et de « mauvais choix stratégiques ».
Un rassemblement devant le siège de l’association, dans le 13e arrondissement de Paris, et de multiples mobilisations dans les différents établissements de l’Hexagone… Ce mardi 8 octobre, les salariés d’APF France Handicap, répondant à l’appel de la CGT et de FO, ont témoigné de leur inquiétude, alors que la direction présentait un plan de retour à l’équilibre aux élus du Comité social et économique (CSE) central. Le mouvement est inédit, la crise l’est tout autant.
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Selon les résultats présentés en assemblée générale le 29 juin dernier, l’association affiche un déficit record de 37,7 millions d’euros. Pour la direction, cette situation résulte des revalorisations salariales liées au Ségur de la santé, « insuffisamment financées par les tutelles », les départements et les ARS.
A cette problématique, s'ajoute, selon l'association, quatre difficultés majeures :
- La hausse des prix liée à l’inflation, qui « pèse de façon continue sur les coûts de fonctionnement des établissements » ;
- Le recours croissant à l’intérim pour compenser le manque d’attractivité du secteur ;
- Le manque de viabilité économique des services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD)
- Un résultat de la collecte qui plafonne compte tenu d’une « notoriété en baisse » et de « la moindre attractivité de la cause »
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« Nous avons engagé plusieurs chantiers stratégiques dès 2021 pour rétablir la situation de l’association, explique Serge Widawski, directeur général. Mais les résultats de 2023 et les perspectives d’atterrissage de 2024 nous imposent aujourd’hui d’aller plus loin. »Le projet de plan présenté en CSE extraordinaire s’étale sur trois ans (2024 – 2026). Il prévoit des « mesures drastiques » de réduction des coûts. A commencer par la suppression d’environ 300 postes au sein des fonctions support de l’association. Et une forte réduction de l’empreinte immobilière.
Le plan prévoit également un volet croissance, portant sur l’activité des entreprises adaptées et des établissements sociaux d’aide par le travail, ainsi que sur l’optimisation de la gestion des établissements et services médico-sociaux, notamment des foyers.
« Le principe est de réallouer nos ressources vers nos missions principales de plaidoyer et d’accompagnement des personnes en situation de handicap par nos établissements, services et délégations, ainsi que de nous engager dans une amélioration de nos processus internes pour gagner en efficacité », indique Serge Widawski.
Des choix « hasardeux »
La CGT dénonce des « décennies d’errance » et de « mauvais choix stratégiques ». Dernier en date : la création de centres de gestion mutualisé (CGM), rassemblant les personnels comptables dans des structures régionales. Elle n’a fait l’objet d’« aucune analyse, ni préparation », selon le syndicat. Résultat, les 12 CGM se verront remplacés par cinq centres de services partagés. Avec des licenciements et des mobilités de poste à la clé.
Choix « hasardeux », contestent encore la CGT : les investissements dans les services informatiques (36 millions d’euros en cinq ans). Elle souligne les conséquences qu’aura le plan de retour à l’équilibre sur les salariés qui resteront en poste : « travail en sous-effectif (puisqu’on ne remplacera pas les postes des absents), matériel dégradé (puisque gel des investissements), non versement de la rétroactivité pour les oubliés du Ségur… »