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Handicap et petite enfance : un mode de garde qui pèse sur les parents
Crédit photo Franck FIFE / AFP
Une étude de la DREES révèle que les bénéficiaires de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH), âgés de moins de 3 ans, sont beaucoup plus souvent gardés à titre principal par au moins un de leurs parents (78%) que la population générale (56%).
Les enfants de moins de six ans, concernés par le handicap, sont beaucoup plus fréquemment gardés par leurs parents que la moyenne des petits du même âge. Et c'est encore plus marquant pour ceux ayant moins de 3 ans. Des familles qui subissent pour beaucoup cette situation, d’autant qu’elles sont déjà fragilisées par des situations plus répandues de monoparentalité et d’éloignement de l’emploi.
Ce constat est issu de la 4ème édition de l’enquête « Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants » de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) qui a analysé la fréquence et la durée des différents modes de garde et d’accueil des enfants de moins de 3 ans, ainsi que la scolarisation et les modes de garde -après l’école et les mercredis - pour les enfants de 3 à 6 ans.
11% des moins de 6 ans ont l'AEEH
Une étude dont les chiffres ne prennent en compte que les enfants bénéficiant de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH), le « noyau dur », mais qui ignore ceux qui n’ont pas encore été diagnostiqués et reconnus en situation de handicap. Il y aurait ainsi environ 1 enfant âgé de moins de 6 ans sur 100 qui perçoit l’AEEH, soit 1,1% de cette classe d’âge. Un chiffre qui augmente les années passants -il atteint 1,8% des enfants entre 3 et 5 ans - en raison des délais de repérage ou de reconnaissance administrative.
Parmi les données recueillies auprès d’environ 9 000 ménages, dont 929 bénéficiant de l’AEEH, nous retenons que :
- Les enfants en situation de handicap vivent plus souvent que les autres avec un seul de leurs parents (26% contre 13%). Dans 93% des cas, ce parent isolé est leur mère. Par ailleurs, la part des mères inactives ou au chômage est deux fois plus élevée que dans la population générale (60% contre 30%).
- Les enfants bénéficiaires de l’AEEH âgés de moins de 3 ans sont beaucoup plus souvent gardés à titre principal par au moins un de leurs parents (78% contre 56%).
- Les parents d’enfants en situation de handicap âgés de moins de 3 ans recourent plus fréquemment à des modes de garde complémentaires (trois cas sur cinq) que les autres parents (deux cas sur cinq).
- L’accueil individuel chez une assistante maternelle (au moins une fois par semaine) est nettement moins fréquent pour les bénéficiaires de l’AEEH (16% contre 29%), surtout à titre principal (6% contre 20%). Mais que ce soit en crèche ou chez une assistante maternelle, ce temps d’accueil des enfants en situation de handicap est en moyenne toujours plus court que celui des autres enfants.
- 31% des enfants de moins de 3 ans, en situation de handicap, sont pris en charge au moins une fois par semaine par une structure du champs du handicap : centres d’action médico-sociale précoce (CAMSP), services d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad), centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP), hôpitaux de jour….
- Si la scolarisation des enfants âgés de 4 et 5 ans est sensiblement la même quelle que soit leur situation, elle est nettement moins fréquente pour les enfants en situation de handicap âgés de 3 ans (78% contre 98%).
- Les parents d’enfants bénéficiant de l’AEEH sont moins souvent satisfaits quand ils assurent la garde de leur enfant que les autres (70% contre 82%). Un pourcentage qui s’inverse lorsque l’enfant est accueilli à titre principal en crèche ou chez une assistante maternelle (92% contre 80%). De tels résultats suggèrent que la garde parentale, quand l’enfant est en situation de handicap, s’inscrit dans un contexte plus difficile en termes de durée, d’intensité et jusqu’à des âges plus élevés.
- Retrouvez ici l'étude "Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants handicapés: les parents en première ligne"