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"Trouver les mots justes" pour accompagner les élèves en situation de handicap

Métiers et formations / Autonomie
Christophe Gomis a d'abord été animateur périscolaire avant de devenir accompagnant pour les élèves en situation de handicap.
Crédit photo DR
[VOCATION TS] Chaque mois, des professionnels du travail social racontent pourquoi ils ont choisi leur métier, un moment clé de leur carrière ou comment ils envisagent l’avenir. Ce mois-ci, Christophe Gomis, AESH.
À mes 16 ans, lors d’un stage en maison de retraite, mon maître de stage a remarqué mon aisance dans l’animation et m’a encouragé à travailler avec les enfants. Il a vu juste : je suis devenu animateur périscolaire. Mes collègues AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) m’ont alors parlé – avec passion – de leur métier. J’ai décidé de déposer mon CV. Aussitôt, je suis recruté en maternelle.
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Je me souviens de mon tout premier jour, il y a un an. Avant la classe, la directrice me met en garde. Pourtant, dès les premières minutes, je reçois un jouet en bois en pleine tête. Une belle bosse ! Après le choc, je retourne voir l’enfant et prends le temps de trouver les mots justes. Un premier contact… musclé, mais marquant ! J’en ris aujourd’hui.
Avec les enfants, j’aime inventer des histoires, improviser, les faire rire. Je cherche à intégrer leur imaginaire dans mes explications : compter avec des bonbons, des oursons, leurs jouets préférés. Cela capte leur attention.
Faute de places
Mais parfois des situations me questionnent. Il m’est arrivé d’accompagner des petits incapables de communiquer, placés une heure par jour dans une classe inadaptée. À quoi je sers, dans ces cas-là ? On essaie de stimuler par la parole, même quand on sent que ce n’est pas suffisant. Ces enfants auraient besoin d’un institut spécialisé, mais, faute de places, ils restent en milieu ordinaire. Heureusement, j’ai vu aussi des élèves bienveillants envers leurs camarades en difficulté. Dans ces moments-là, je me dis : l’inclusion n’est pas un mythe.
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Pour faire ce métier, il faut être solide. D’autant que la formation ne nous apprend pas tout. Le salaire ne suit pas et, parfois, les besoins des élèves dépassent nos compétences. C’est le terrain qui enrichit chaque jour mon expérience, mon « savoir être » avec les enfants. Certains d’entre eux ont déjà vu passer plusieurs AESH avant moi. Je tiens bon grâce à mon énergie et, heureusement, les enseignants nous soutiennent, nous donnent des techniques pour aider les enfants à s’intégrer.
Frustration
J’ai accompagné une élève malentendante qui retirait son appareil auditif dès qu’elle était contrariée, finissant par ne plus communiquer qu’en langue des signes. Je ne captais rien. Alors j’ai suivi une formation pour apprendre quelques signes. Quel bonheur de la voir sourire en constatant qu’elle pouvait enfin être comprise !
J’aimerais beaucoup continuer dans ce métier, gagner en expérience et, un jour, peut-être, devenir professeur des écoles. Accompagner des élèves différents est passionnant et intense, même si cela peut être parfois frustrant. Comment capter l’attention ? Comment transmettre un message sans perdre l’élève en route ? Un vrai métier d’écoute, de partage et de patience. Il faut aimer ce qu’on fait, sinon on abandonne.

