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Ce maillon manquant en matière de transport d’enfants handicapés

Autonomie
"La socialisation est en soi un mode d’apprentissage. On ne peut pas remplacer ça à la maison", précise le père de Vivien, privé de l'accompagnatrice de transport qui sécurisait ses trajets vers l’institut d’éducation spécialisée.
Crédit photo Bignai pour Adobe Stock
Les parents de Vivien, polyhandicapé, viennent d’apprendre que l’agence régionale de santé (ARS) du Val-de-Marne ne financera plus l’accompagnatrice de transport qui sécurisait ses trajets vers l’institut d’éducation spécialisée. Une décision qui met en péril l’équilibre de l’enfant, mais aussi celui de ses parents et des professionnels mobilisés autour de lui.
Le couperet est tombé. Le 12 septembre 2025, les parents de Vivien apprennent la nouvelle tant redoutée : le financement versé par l’ARS du Val-de-Marne qui permettait l’embauche d’une accompagnatrice de transport pour leur fils de 13 ans, polyhandicapé, n’est pas renouvelé.
Une aide pourtant indispensable, permettant à Vivien de vivre sereinement et en toute sécurité l’heure de trajet qui sépare son domicile de l’institut d’éducation spécialisée (IES) qu’il fréquente. Parce que n’ayant pas accès au langage articulé, le jeune garçon « a trouvé une manière d’exprimer son inconfort : en se frappant », expliquait son père Armel Martin à ASH au début de l’été.
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En l’absence d’un deuxième adulte dans le véhicule, les trajets risquent de devenir rapidement insupportables pour lui, les autres enfants véhiculés et la conductrice. « Il suffit qu’il soit un peu enrhumé pour que le trajet se passe mal, qu’il se fasse du mal et qu’on n’arrive pas à redescendre sur un état calme. Quand on entre dans un cycle comme celui-là, tout devient compliqué », s’inquiète le père de l'enfant.
Un risque de fin de prise en charge
« Le risque, c’est que les chauffeurs refusent d’accompagner ces enfants, parce qu’il y a un risque sanitaire », explique Frédéric Deszelus, directeur de l’IES qui accueille Vivien. Dans son établissement, une autre famille est aussi concernée par le non-renouvellement du financement de l’accompagnateur de transport. « Ces deux enfants bénéficiaient pourtant d’un accompagnement depuis des années et en ont besoin », assure le responsable. Concrètement, la prise en charge risque de s’arrêter dès le mois d’octobre.
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Inquiet du devenir de ces financements qu’il fallait redemander tous les six mois et dits « non-renouvelables », Armel Martin avait lancé fin juin une pétition, avec le soutien de l’association Envoludia et de Paralysie cérébrale France, demandant de reconnaître le transport des enfants porteurs de handicaps complexes comme faisant partie intégrante de leur accompagnement. Elle aura recueilli près de 10 000 signataires mais n’aura pas eu l’effet escompté.
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Une situation qui renvoie les parents à leur rôle d’aidant
Pour la suite, il envisage les différentes alternatives. Passer par un emploi direct de l’accompagnatrice dans les transports via la prestation de compensation du handicap ? « Quand on fait une demande à la MDPH du Val-de-Marne, on n’a pas de retour avant un an… », rappelle Armel Martin.
Réduire son temps de travail, voire cesser toute activité professionnelle ? « Notre travail, ça nous tient debout », confie le père. Entre la préparation des repas, le linge, le change, tous les transferts nécessaires pour s’occuper de Vivien, les tâches du quotidien sont usantes et le couple d’enseignants réussit à s’en extraire grâce à son activité professionnelle. Ce non-renouvellement bouleverse les parents et renvoie au rôle d’aidant », confirme Frédéric Deszelus.
Sans compter que l’institut d’éducation spécialisée constitue un environnement favorable au développement de l’enfant, auquel les parents ne veulent pas renoncer. « La socialisation est en soi un mode d’apprentissage. On ne peut pas remplacer ça à la maison », insiste Armel Martin.