Retraite anticipée des travailleurs handicapés : Une (mini) ouverture qui en appelle d'autres !

Pourquoi tous les travailleurs handicapés comptés par les entreprises et les administrations pour éviter de payer une redevance ne devraient-ils pas bénéficier du même droit à la retraite anticipée ?

Lors de la discussion du PLFSS (Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale) à l'Assemblée Nationale, l'amendement suivant (n°741) a été adopté en première lecture.

Pour la première fois, le Gouvernement accepte le principe de la reconnaissance a posteriori du handicap pour évaluer le droit à la retraite anticipée, une revendication portée depuis plusieurs années par le CDTHED avec le soutien de nombreux parlementaires de tous horizons.

Toutefois, il est très loin de répondre aux légitimes aspirations des travailleurs handicapés concernés :

- Il ne s'applique qu'aux travailleurs handicapés qui ont eu, au début de leur carrière professionnelle, une notification de taux d'IP (Incapacité Permanente) de 50%, situation rarissime puisque le seuil de 50% n'était (et n'est encore) généralement évalué que pour les personnes handicapées sans emploi.

- Il réintroduit comme condition l'ancien seuil de taux d'IP de 80% (Carte d'invalidité ou équivalent).

- Il exclut toujours les titulaires actuels et anciens de la RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleurs Handicapés) ainsi que la plupart des bénéficiaires de l'OETH (Obligation d'Emploi des Travailleurs Handicapés) alors que ces mêmes travailleurs, du fait de leur handicap, sont comptés dans les quotas permettant aux entreprises et administrations d'éviter de payer une redevance.

En conclusion, le CDTHED demande aux sénateurs qui vont examiner le PLFSS de déposer des amendements visant à :

- 1) Rétablir la prise en compte du critère pour la retraite anticipée des travailleurs handicapés avec majoration de pension, comme c'était le cas avant la loi du 20 janvier 2014.

Remarque : ceci ne s'oppose en rien au fait d'abaisser le taux minimum d'IP exigé de 80 à 50% (encore que nous considérions par ailleurs que ce seuil est trop élevé).

- 2) Ouvrir la possibilité de justifier, pour le droit à la retraite anticipée, le handicap et son ancienneté par tous les moyen de forme (RQTH, carte "situation debout pénible", notification d'invalidité 1ère catégorie, pension militaire d'invalidité, rente pour accident du travail ou maladie professionnelle, etc.) ou le fond (dossiers médicaux), avec , en cas de doute, examen par une commission indépendante et possibilité de recours devant une juridiction impartiale.

Remarque : en toute justice, tous les bénéficiaires de l'OETH (Obligation d'Emploi de Travailleurs Handicapés) comptés par les entreprises et les entreprises et les administrations pour éviter de payer une redevance devraient bénéficier de ce même droit : ce qui est pris en compte pour les employeurs devrait l'être aussi pour les employés ! 

- 3) Préciser que les notifications de taux IP compris entre 50 et 79% doivent être considérées comme étant attribuées à titre définitif, sauf mention contraire explicite ou révision ultérieure.

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