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Les Vieux méritent (toujours) mieux

Autonomie
Entre 2020 et 2030, le nombre des 75-84 ans va bondir de 48 % avec les conséquences sociales, territoriales, économiques et sanitaires qu’on imagine.
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A l’occasion de la 4e édition nationale de la mobilisation « Les Vieux méritent mieux » organisée ce jeudi 16 octobre 2025, une vingtaine de fédérations et organisations du grand âge ont appelé l’Etat à respecter ses engagements par une loi de programmation pluriannuelle et un financement garanti de 1,6 % du PIB.
Ils étaient plus de 40 000 l’année dernière sur le terrain à avoir répondu à l’appel de la Fnadepa et des 17 autres fédérations et organisations du grand âge, pour réclamer des moyens d’urgence et exiger du gouvernement une loi systémique, garantissant des financements suffisants face à la « vague grise » qui arrive. Faute d’avoir été entendus, les professionnels, personnes âgées, familles, aidants se sont de nouveau mobilisés en nombre ce jeudi 16 octobre un peu partout en France.
A l’occasion de la 4e édition de la mobilisation nationale « Les Vieux méritent mieux », ils se sont rassemblés dans les établissements avec des banderoles et des pancartes. Fnadepa, Uniopss, Mutualité française, Fehap, ADMR… Ce sont désormais une vingtaine de fédérations et d’organisations qui font front commun pour alerter collectivement. En effet, « malgré les rapports et concertations qui se sont multipliés, et malgré les promesses de tous les présidents de la République, aucune réforme d’ampleur n’a été engagée pour permettre à notre pays de faire face au tsunami démographique qui arrive », soulignent-ils.
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5 millions de plus de 85 ans en 2030
D’ici à 2050, les plus de 85 ans seront près de 5 millions. Entre 2020 et 2030, le nombre des 75-84 ans va bondir de 48 % avec les conséquences sociales, territoriales, économiques et sanitaires qu’on imagine.
Le système de santé et de protection sociale n’est malheureusement pas à la hauteur des enjeux. « Le compte n’y est pas du tout pour faire face à la massification des besoins, explique Daniel Goldberg, président de l’Uniopss. Cela va poser des problèmes économiques à chaque famille. Le reste à charge pour une place en Ehpad varie aujourd’hui de 2 000 € à 5 000 € par mois, et la plupart des pensions de retraite ne permettent pas de le financer. »
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Construire une réforme ambitieuse
Le collectif pointe du doigt l’absence d’une politique nationale structurelle et ambitieuse qui conduit à des situations critiques sur le terrain.
Il réclame d’ici à fin 2026 une loi de programmation pluriannuelle sur le grand âge jusque-là restée lettre morte. Il invite l'exécutif à porter l’effort national à 1,6 % du PIB pour l’autonomie – soit 11,5 milliards d’euros supplémentaires par an – afin d’aligner la France sur la moyenne européenne.
« On a réussi récemment à aborder le sujet délicat de la fin de vie. Pourquoi on n’avancerait pas sur celui de la fin de la vie ? », s’interroge Daniel Goldberg. Pour lui, les vieux méritent mieux en termes de reconnaissance. Ils sont malheureusement vus comme un coût pour la société « alors que ce sont des acteurs sociaux et culturels très engagés dans les associations ».
Ils ont aussi un rôle très important auprès de leurs proches et soutiennent leurs propres parents et leurs enfants. « Nous constatons des attentes de plus en plus fortes qui ne se limitent plus au droit d’être soigné. Les personnes âgées veulent être actrices de leur vie. Elles réclament le droit à la participation sociale, à des activités de loisirs et culturelles », observe de son côté Julien Blot, président du Gepso.
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« Aux décideurs politiques de prendre leurs responsabilités »
A force de détourner le regard et de sous-investir, « le risque est que les personnes qui habitent dans les quartiers populaires ou territoires ruraux n’aient pas de réponse à leurs besoins d’accompagnement », remarque le président de l’Uniopss.
Alors que la décision politique tarde à venir, cela craque de toutes parts sur le terrain. Plus de 65 % des établissements et services médico-sociaux ont terminé 2024 en déficit (131 000 € en moyenne). 51 % manquent de personnel. Le secteur souffre d’un absentéisme record et d’un nombre d’arrêts de travail plus élevé que la moyenne des autres secteurs. 100 000 recrutements supplémentaires seront nécessaires d’ici à 2030. Pour atteindre cet objectif, il faut créer les conditions d’une réelle attractivité pour les métiers en augmentant les rémunérations. « Ce n’est pas à nous, qui gérons sur le terrain des établissements et services pour le compte de l’Etat et des départements, de refuser une place ou de dire non à un accompagnement à domicile car on manque de financement. C’est aux décideurs politiques de prendre leurs responsabilités et de tenir un discours de clarté vis-à-vis des Français, insiste Daniel Goldberg. « On a, en face de nous, un Etat aux abonnés absents et des collectivités locales qui suivent des politiques publiques assez disparates et inégalitaires », déplore Julien Blot.
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Le collectif souhaite que l’Etat garantisse « l’accessibilité financière des Ehpad, services à domicile et habitats intermédiaires, afin d’éviter tout renoncement ». Il lui demande « de renforcer les dispositifs de prévention de la perte d’autonomie et le repérage des fragilités, et d’adapter les territoires et les infrastructures – transports, logements – au vieillissement ».
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