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Les professionnels réclament un budget en accord avec les enjeux du vieillissement de la population

Autonomie
Pour répondre aux enjeux du "choc démographique", le budget de la filière grand âge devrait être augmenté de 10 milliards à compter de 2030, calcule le Synerpa.
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Alors que le gouvernement prévoit un nouveau programme d’économies pour son prochain budget, le Synerpa dévoile ses propositions pour permettre au secteur du grand âge de se doter des moyens nécessaires pour aborder le choc démographique de 2030.
Plus que quelques jours avant que le gouvernement ne présente sa copie budgétaire pour 2026. Si son contenu demeure encore inconnu, les premières annonces de l’exécutif tablent sur un « effort nécessaire » de l’ordre de 40 milliards afin de faire passer le déficit public sous la barre des 5 %. Le 7 juillet 2025, le Sénat s’était invité à son tour dans le débat en posant sur la table un projet de budget réduisant l’investissement de l’Etat dans une fourchette de 30 à 50 milliards, dont 10 milliards sur la sécurité sociale, via la non-indexation des prestations sociales sur l’inflation, et 2 milliards sur les collectivités territoriales.
10 milliards de plus en 2030
Quoi qu’il en soit et en attendant les propositions gouvernementales et les futurs arbitrages parlementaires, le secteur de la dépendance s’inquiète d’ores et déjà du prochain coup de frein à la dépense publique. Le 9 juillet, c’est le Synerpa (Syndicat national des établissements et résidences pour personnes âgées) qui est sorti du bois pour tirer la sonnette d’alarme. « Le grand âge ne doit pas devenir la variable d’ajustement du prochain budget », a averti son président, Jean-Christophe Amarantinis, à l’occasion d’une rencontre avec la presse.
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Car pour cette organisation professionnelle, qui regroupe près de 3 500 adhérents du secteur privé lucratif, il y a au contraire urgence à agir pour adapter le parc d’établissements et de services (ESMS) aux défis qui les attendent en prévision du « choc démographique » de 2030. Or, selon les calculs du Synerpa, le budget actuel accordé à la filière grand âge (51 milliards d’euros chaque année) ne suffira pas à satisfaire ses besoins, notamment ceux liés au recrutement, à la médicalisation des établissements ou au renforcement du virage domiciliaire. « À partir de 2030, et pour faire face aux enjeux démographiques, le budget devra augmenter de près de 10 milliards pour atteindre environ 61 milliards par an », prévient le syndicat.
Préconisations
Si certaines décisions publiques, à l’image de celle récemment prise par la Caisse des dépôts et consignations de débloquer une enveloppe de 25 milliards afin de financer l’innovation dans les ESMS, « vont dans le bon sens », selon Jean-Christophe Amarantinis, elles ne sauraient cependant suffire à couvrir l’ensemble des besoins de la filière. Surtout en cas de serrage de vis budgétaire dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026. « Nous avons besoin d’un budget qui réponde aux enjeux du vieillissement de la population », estime Jean-Christophe Amarantinis.
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A cette fin, le Synerpa devrait présenter une liste de propositions dès la rentrée. Mais en attendant, quatre d’entre elles sont d’ores et déjà considérées prioritaires. En premier lieu, une indexation de la dotation « soins » sur l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam). « Depuis plus de dix ans, ces dotations augmentent en moyenne de 1,6 point de moins que l’Ondam. Résultat : le secteur médico-social doit naviguer à vue tout en étant considéré comme la variable d’ajustement des dépenses sociales », objecte Jean-Christophe Amarantinis. A cette demande initiale s’ajoute celle d’une suppression pure et simple de la modulation de la dotation, accusée de « compromettre l’équilibre financier » des établissements.
Suppression de la réserve prudentielle
Autre disposition à annuler selon le syndicat, la réserve prudentielle – aujourd’hui de 241 millions d’euros – appliquée aux crédits destinés aux structures pour personnes âgées et handicapées. « C’est une double peine : cette réserve prive les établissements de moyens immédiatement mobilisables et ne génère aucun effet incitatif. Ce mécanisme a été détourné de sa vocation initiale pour financer les dépassements d’autres Ondam au détriment du médico-social », affirme le président du Synerpa. Un peu plus tôt en juin, d’ailleurs, le conseil d’administration de la CNSA avait émis un vœu allant également dans ce sens à l’heure où la trésorerie d’un nombre croissant d’ESMS vient de passer dans le rouge.
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Dernier ajustement que le Synerpa propose d’adopter : l’extension du financement du forfait-soin aux métiers de secrétaires médicaux, enseignants APA ou psychologues, actuellement écartés de ce dispositif. « Ces mesures ne coûtent pas plus d’argent, car elles induisent des économies, avec moins d’hospitalisations et moins de trois recours à certains médicaments, par exemple. Elles permettraient en prime de soulager les métiers en tension tout en augmentant l’attractivité », plaide Jean-Christophe Amarantinis.