Les personnes en situation de handicap ne souhaitent plus télétravailler

Le baromètre Agefiph-Ipsos, portant sur le vécu professionnel des personnes handicapées, montre qu'elles vivent moins bien que le reste des salariés le travail en distanciel.

Contre toute attente, le télétravail n’est pas plébiscité par les personnes en situation de handicap interrogées pour la 4e vague du baromètre Agefiph-Ipsos, portant sur leur vécu professionnel. Seules 28% d’entre elles souhaitent davantage télétravailler, contre 47% pour l’ensemble des salariés. Pour une personne handicapée sur cinq, la fréquence idéale du télétravail, c’est : « jamais » …

Présentés lors d’un webinaire le 4 mai, ces résultats vont à l’encontre de l’impression que le télétravail serait « la réponse parfaite pour les PSH », a commenté Malika Bouchehioua, présidente de l’Agefiph. Alors que ce 4e baromètre enregistre un taux record de participation avec près de 8 000 répondants – presque deux fois plus que lors des vagues précédentes – il révèle un état psychologique général préoccupant et une impatience de sortir de l’isolement.

Fatigue et anxiété

La crise a contribué à isoler 44 % des PSH au sein de leur équipe de travail (+10 points par rapport à septembre 2020). Et l’isolement est la crainte exprimée la plus forte pour les mois à venir pour 67 % des personnes (+10 points par rapport à septembre 2020), devant les craintes d’une dégradation des conditions de travail, de perte d’emploi ou d’être contaminé, qui restent stables depuis mai 2020.

Les PSH sont lassés par cette crise : 82 % décrivent un état d’esprit négatif, avec de la fatigue pour 56%, de l’anxiété, de l’inquiétude, du stress… Ce sentiment est plus prégnant chez les PSH, plus 10 points par rapport à ce que l’Ifop mesure dans l’ensemble de la population salariée. Les PSH font le constat de l’impact de la crise sur l’organisation du travail et elles souhaitent une meilleure conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle (74 %). Près de la moitié déclare accorder plus d’importance à son travail (vs 34% pour l’ensemble des salariés), un travail qu’ils souhaitent moins que les autres effectuer à distance.

Penser l’après-crise

Ainsi, si la moitié des salariés souhaitent le développement du télétravail, c’est moitié moins chez les PSH, qui minimisent l’impact positif sur l’efficacité de leur travail (25 % contre 36 % en septembre 2020), ou leurs conditions de travail (21 % contre 32 % en septembre 2020). De quoi interroger du côté de l’Agefiph. Malika Bouchehioua indique qu’il « faut sensibiliser les acteurs des entreprises pour qu’ils puissent aménager le poste, avec un télétravail mesuré ».

L’Agefiph doit « penser l’après-crise et sensibiliser les employeurs pour qu’ils aient un regard particulier sur les PSH », estime-t-elle. La plateforme Égalité a recueilli un certain nombre de propositions, comme le développement du mentorat, la création de tiers-lieux « handi », que le conseil d’administration va étudier pour « concevoir une offre de services adaptée ».

L’Agefiph a engagé plus de 26 millions d’euros en 2020 sur des mesures d’urgence, comme l’aide à l’équipement à domicile pour télétravailler ou suivre une formation, l’aide à la mobilité alternative aux transports en commun, le soutien aux travailleurs indépendants, une cellule d’écoute psychologique par téléphone et le soutien à l’alternance. Cette dernière mesure a permis, selon Didier Eyssartier, directeur général de l’Agefiph, l’entrée en apprentissage de 6 000 personnes handicapées, une « très forte augmentation », dans une dynamique de soutien global à l’apprentissage.

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