Handicap : des ateliers citoyens pour développer le pouvoir d’agir

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A Uchaux (Vaucluse), l’accueil de jour de l’Apei a fait appel à un institut de formation, l'Imfris, pour informer ses résidents sur leurs droits. Un partenariat gagnant-gagnant qui sert aussi les étudiants en travail social.

« Est-ce que je peux choisir mon tuteur ? », « me marier ? », « inviter un ami sachant que je vis chez mes parents ? »… A l’accueil de jour de l’Association de parents d’enfants inadaptés (Apei), La Respelido, près d’Orange, les questions des résidents fusent. Elles portent sur leur statut d’adultes protégés, en situation de handicap intellectuel ou psychique. Et les points de vue se veulent souvent binaires : « J’ai le droit, je n’ai pas le droit », résume Virginie David, coordinatrice du service.

Difficile de faire le distinguo entre la loi, les règles qu’imposent mon tuteur ou mon établissement et le savoir-être. « Les résidents méconnaissent leurs droits. Souvent, le tuteur est un membre de la famille. Ce qui confère un enjeu affectif à la relation. Devant le juge des tutelles, il faut être courageux pour dire qu’on n’est pas d’accord avec son père, avec sa mère… », appuie Virginie David.

Avec son équipe, elle a initié de premiers ateliers autour des droits et de la citoyenneté en 2020. Avant que très vite ne surgissent des questions pointues. Et que s’impose la nécessité d’une ressource extérieure. Dont acte : début 2023, l’accueil de jour signait un partenariat avec l’Institut méditerranéen de formation, recherche et intervention sociale (Imfris) d’Avignon.

Des pictos pour alimenter les réponses

Chaque mois, l’école accueille les résidents sur site. Un mandataire judiciaire à la protection des majeurs (MJPM) ou un juriste, accompagné d’un éducateur de La Respelido, répond à leurs questions. « On les informe de leurs droits, de manière adaptée. On échange sur des sujets parfois délicats pour des personnes qui n’ont pas toujours un accès facile à la parole », explique Muriel Fréchède, formatrice à l’Imfris, spécialisée sur le développement du pouvoir d’agir.

Les réponses font l’objet de discussions et peuvent être reprises sous forme de pictogrammes par les éducateurs de l’accueil de jour. « Ces échanges améliorent le dialogue entre les personnes accueillies, qui parfois réajustent des choses par elles-mêmes, et leurs tuteurs », constate Virginie David. « Accompagner de cette manière remet le savoir au bon endroit. L’éducateur, aux yeux du résident, est Dieu, le Père tout puissant. Il répond à toutes les questions sans être forcément la meilleure personne pour le faire. »

Quatre premiers ateliers ont eu lieu en début d’année, sept autres sont programmés pour l’année 2023-2024. Et le partenariat se développe : l’école propose des formations aux professionnels de l’accueil de jour, lesquels reçoivent des groupes d’élèves en immersion. « On partage des valeurs communes, notamment cette appétence pour la participation des personnes », explique Muriel Fréchède. Un bilan, sur la base de critères d’évaluation à définir, devrait être effectué d’ici la fin de l’année scolaire pour mesurer les bienfaits de l’initiative.