Ces aidants qui ne décrochent jamais complètement

Autonomie

62 % des aidants prennent en charge les courses, 53 % les soins médicaux, 43 % les démarches administratives de leurs proches.

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Pour les 9 millions de Français qui prennent soin d’un proche malade, en situation de handicap ou dépendant, les congés ne riment pas avec départ en vacances... L’entreprise O2 spécialisée dans le service à la personne alerte sur le risque d’épuisement et un possible écroulement du système.

« Depuis que j’aide ma grand-mère, je pars en vacances par tranche de quelques jours et je ne m’éloigne pas trop », raconte Emeline Falempin. En 2017, sa grand-mère est opérée une première fois du cœur. La jeune femme commence alors à faire des allers-retours réguliers, à plus d’une heure de chez elle, pour l’aider au quotidien. Qu’il s’agisse de tâches administratives ou juste pour passer des moments de qualité avec son aînée.

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En plus d’être aidante de sa grand-mère, Emeline est mère de trois enfants et salariée à temps plein au sein du groupe Oui Care. « Je ne décroche jamais complètement, explique-t-elle. Mon téléphone est toujours allumé. C’est comme si j’étais toujours d’astreinte. » Elle n’a pourtant jamais eu recours à une solution de répit, se sentant à la fois capable d’assumer toutes ces responsabilités et désireuse de respecter le choix de sa grand-mère : rester chez elle, coûte que coûte.

« Je ne me vois pas faire autrement, explique la proche aidante. Je sais que ce serait pertinent d’avoir du relais en termes de charge mentale, mais j’ai du mal à lâcher, parce que je sais que mes grands-parents comptent sur moi… » Pour elle, c’est un juste retour des choses.

Pour souffler un peu, Emeline Falempin a trouvé la solution qui lui convient : avoir recours aux services d’une professionnelle pour « l’organisation managériale » de la vie quotidienne, comme les courses ou le ménage. « J’ai gagné une heure de vie par jour, et en sérénité. Maintenant, je sais que ma grand-mère n’est plus penchée au-dessus d’un meuble pour faire le ménage. »

Un système qui risque de s’effondrer 

En France, ce sont plus de 9 millions d’aidants qui accompagnent au quotidien un proche dépendant, en situation de handicap ou malade, « souvent seuls, sans relai, ni reconnaissance », signale l’entreprise O2 spécialisée dans le service à la personne dans un communiqué de presse. D’après une étude menée conjointement avec le cabinet Occurrence, beaucoup d’aidants « culpabilisent de ne pas pouvoir ‘‘tout faire’’ entre travail, enfants, couple et proche en perte d’autonomie ». Les aidants remplissent pourtant des missions indispensables au bien-être de leurs proches : 62 % prennent en charge les courses, 53 % les soins médicaux, 43 % les démarches administratives.

Face à ce constat, la société O2 tire la sonnette d’alarme : cet équilibre fragile risque d’exploser, d’ici l’année 2032. A cette date, les aidants actuels entreront eux-mêmes dans la dépendance et la France comptera plus de 20,8 millions de personnes de plus de 60 ans, tandis que le secteur de l’aide et du soin à la personne peine à recruter et à former massivement. « Aujourd’hui, ce sont les familles qui tiennent le système à bout de bras. Mais cela ne pourra pas durer », mettent en garde les professionnels d’O2.

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