À Saint-Denis, l’insertion passe par la réparation de vélos

Au cours de la formation, les aspirants apprennent aussi le travail en équipe, le respect des horaires...

Crédit photo ANRH

L’Association pour l’insertion et la réinsertion professionnelle et humaine des personnes handicapées (ANRH) a lancé un nouveau projet au sein de son entreprise adaptée de Saint-Denis, en Ile-de-France. Depuis le début de l’année, elle accueille celles vivant avec des troubles psychiques pour une formation aux métiers de la réparation et de l’entretien des cycles.

Et si le développement du vélo permettait de créer des emplois pour les personnes en situation de handicap psychique ? C’est avec cette idée en tête que l’entreprise adaptée de l’ANRH (Association pour l’insertion et la réinsertion professionnelle et humaine des handicapés) de Saint-Denis a lancé, début 2022, un atelier mobile de réparation des cycles. « A l’origine du projet, il y a la belle histoire de la boutique inclusive de vente et de réparation “Les petits vélos de Maurice”, implantée dans le XIe arrondissement de Paris depuis 18 ans, précise Alice Freysz, directrice de l’Esat ANRH Paris 11 et coordinatrice du projet. Si elle emploie déjà onze salariés en situation de handicap, nous avons voulu aller plus loin en créant une véritable filière autour du vélo. »

Premier pilier de ce nouveau dispositif : une formation de huit semaines, dispensée par des experts du cycle de l’école supérieure du commerce et du sport et spécifiquement pensée pour des personnes en situation de handicap. Organisée sur trois jours, avec deux jours de mise en pratique au sein de l’atelier, elle ne peut pas accueillir, pour des raisons pédagogiques, plus de huit personnes. « J’étais agent de conditionnement mais on m’a proposé de suivre cette formation pour monter en compétences », explique Jean-Michel Moncastel, travailleur en situation de handicap issu de la première promotion.

L’insertion en milieu ordinaire

En plus de l’enseignement des bases techniques de la réparation et de l’entretien d’un vélo (vérification de la câblerie, des dérailleurs, démonter et remonter pièce par pièce le vélo…), les aspirants apprennent aussi le travail en équipe, le respect des horaires… « Je préfère travailler seul, j’ai donc éprouvé quelques difficultés au départ. Mais au final, cette formation m’a été très bénéfique, je suis beaucoup plus autonome », se réjouit Jean-Michel Moncastel.

Le second objectif du projet est la création d’ateliers de cycles. L’ambition est, qu’une fois formées, ces personnes trouvent un emploi. La première boutique a été inaugurée en mai à Saint-Denis et compte sept salariés issus de la formation. Une autre a ouvert ses portes à Nantes en septembre avec six travailleurs handicapés. « Nous proposons deux types de prestations : la réparation et l’entretien de la flotte de vélos d’entreprises partenaires, et la prestation d’opérateurs cycles formés », détaille Alice Freysz.

Concrètement, l’ANRH de Saint-Denis met à disposition, de manière temporaire au départ, certains de ses salariés en situation de handicap pour aller travailler dans le milieu ordinaire. « Tout au long de la durée de son CDD, la personne reste accompagnée par un travailleur social. Et si tout va bien, elle est embauchée en CDI. C’est du gagnant-gagnant », se réjouit Jean-Christophe Gaspard, directeur de l’entreprise adaptée de Saint-Denis. Si, pour le moment, une seule personne formée travaille en milieu ordinaire, à terme, l’objectif est que la moitié le soit. « A nous de convaincre les autres entreprises que le handicap ne remet pas en cause la compétence des collaborateurs », conclut le directeur.

Auteur

MAXIME RICARD